Cette nouvelle livraison des Cahiers est exceptionnelle à bien des égards. Pour la première fois, nous publions une édition critique et, pour ce faire, nous cédons les rênes à notre confrère Hiroyuki Kasai, professeur à l’Université Keio. Il nous offre ici le résultat de plusieurs années de recherches et d’enquête minutieuse au service d’une pièce iconique : La Machine infernale. Ce texte coctalien emblématique a bien des secrets à révéler, pour peu que l’on prenne la peine de rassembler et d’étudier les différents documents disponibles. L’étude menée par Kasai s’appuie sur divers manuscrits et dactylogrammes, conservés par plusieurs institutions : la Bibliothèque nationale de France, la Bibliothèque Historique de la ville de Paris, la bibliothèque de l’Université Keio, mais également sur le manuscrit autographe supposé détruit puis retrouvé dans la collection Lifar avant de disparaître à nouveau. L’étude exhaustive de ces documents dépasse la recherche de variantes dont Cocteau était coutumier, remettant sans cesse ses pièces sur le métier, réécrivant à la faveur d’une répétition avec les acteurs, mais elle permet surtout d’établir une chronologie surprenante. Jean Cocteau n’a pas procédé de façon linéaire et sa pièce s’est constituée progressivement à partir d’une idée, d’un premier texte augmenté en amont et en aval. Cette édition nous offre ainsi l’occasion unique de voir cette œuvre sous un œil nouveau, de suivre au plus près les étapes créatives du dramaturge.
En complément de cette édition critique, vous trouverez les rubriques habituelles, consacrées aux actualités coctaliennes ainsi qu’un hommage à Anne-Marie Berger, amie fidèle de Jean Cocteau qui nous a quittés en octobre 2024.
Nous adressons tous nos remerciements aux artisans de ce numéro hors-normes : Hiroyuki Kasai qui nous a fait l’amitié de nous confier ce travail d’orfèvre ; les éditions Grasset et plus particulièrement Charles Dantzig qui nous a autorisés à reproduire le texte de la pièce ; Annie Guédras pour sa contribution ; notre imprimeur Jean-Bernard Peyronel sans qui l’édition papier n’existerait pas ; Loïc Schwaller notre webmaster ; le Comité Cocteau qui nous soutient dans notre entreprise de diffusion de l’œuvre coctalienne et tout particulièrement Anne-Gaële Duriez.