Jean Cocteau a de tout temps eu des rapports compliqués avec ses traducteurs, notamment avec les Britanniques. Il a pu éprouver une réelle détestation pour certains d’entre eux – en particulier à l’égard de Ronald Duncan, l’adaptateur de L’Aigle à deux têtes pour le public anglais – et très souvent de la défiance – vis-à-vis de Rollo Myers, son premier traducteur, ou Lewis Galantiere, le traducteur des deux romans de l’année 1923 (The Grand Ecart et Thomas the Impostor), aussi bien que de Samuel Putman qui l’a assuré d’un succès mondial avec sa traduction des Enfants terribles dès 1930. L’approximation des traductions de sa prose lui est souvent confirmée par ses amis anglais, comme Mary Butts ou Raymond Mortimer qui déplorent l’incapacité dont ces traducteurs auraient fait preuve pour rendre en anglais la langue si particulière de notre poète. La poésie de Cocteau, justement, peu de traducteurs s’y sont vraiment attelés avant la Seconde Guerre mondiale, à l’exception de Jean Hugo, l’ami de Cocteau, qui a transposé en anglais Le Cap de Bonne-Espérance (The Cape of Good Hope) et l’a fait paraître dès 1921 dans la Little Review. Autre exception, le poème L’Ange Heurtebise, devenu Angel Wuthercut sous la plume de Harold Salemson et publié en janvier 1931 dans la première livraison de The New Review. Comme l’un des administrateurs de ce périodique n’est autre qu’Ezra Pound et qu’il est un grand admirateur de Cocteau, le poète précisera qu’il autorise cette traduction, même s’il considère son rythme comme intraduisible.
Avec la notoriété due notamment au théâtre, les traductions en anglais des textes de Cocteau à partir des années 1930 (Orphée, La Voix humaine et La Machine infernale toutes trois réalisées par Carl Wildman) et surtout après 1945 ont été de plus en plus nombreuses. Elles concernent tous les genres d’écrits du poète. Les éditeurs de Cocteau se sont alors tournés vers des écrivains britanniques connus pour assurer ses traductions (William Auden, Rosamond Lehmann, Ronald Duncan en dépit de la défiance de Cocteau à l’égard de ce dernier) mais aussi vers des traducteurs professionnels (William Landers, Dorothy Williams, Walter Strachan). Le cas de Mary Hoeck est tout à fait à part et relève autant d’une formidable et intime compréhension par cette nouvelle venue dans l’univers poétique de Cocteau que d’une amitié essentiellement épistolaire mais néanmoins foudroyante et réciproque.
Mary Hoeck, une traductrice improvisée
Mary Camden Hoeck, (1894-1972), descendante du peintre Jan van Hoeck par son père et de Lord Archer of Umberslade par sa mère, est une fonctionnaire britannique qui travaille au Service des Traitements du Ministère du Travail et du Service National. Élevée à Glasgow au contact d’une préceptrice poète et française, puis à Bruges dans un pensionnat religieux, elle a appris très tôt le français, mais cessera de le pratiquer dès qu’elle s’installera dans sa vie professionnelle. Elle passe à nouveau deux années dans un pensionnat religieux en Pennsylvanie un peu plus tard. Imprégnée d’un certain puritanisme, elle peut même se montrer fort prude. Dans une de ses toutes premières lettres à Cocteau, elle s’interroge : « Pourquoi les Français écrivent-ils toujours comme si le sexe comptait pour 99 % de la vie humaine ? La vie, ce n’est pas une clinique de Freud. ». Après ses études, elle s’installe à Londres à l’âge de 26 ans puis à Édimbourg qu’elle ne quittera plus guère jusqu’à sa retraite en juillet 1950. Elle va alors naviguer entre Londres et Édimbourg puis s’installer définitivement dans la capitale britannique où elle saura profiter des nombreuses opportunités culturelles.
Elle découvre les œuvres de Cocteau en 1947 ou 1948 en commençant par un volume de Poésie Critique. En dépit d’une grande timidité, elle trouve le courage d’écrire au poète une première lettre à la fin de l’année 1948 en y joignant ses premières traductions en anglais de ses poèmes, notamment L’Ange Heurtebise[1]. Elle omet dans cette toute première missive d’indiquer son prénom et son genre. Dans sa réponse, Cocteau se méprend et l’appelle « Cher Monsieur », tout en se montrant si amical et si encourageant que Mary ne va plus hésiter à lui écrire à nouveau et un véritable « coup de foudre » amical et épistolaire va se développer au cours des années suivantes. La correspondance sera suivie de part et d’autre jusqu’à la mort de Cocteau, avec un pic au cours des années 1949-1951. Au total, ce sont plus de 200 lettres, cartes postales ou cartes de vœux, souvent accompagnées de dessins, que Cocteau lui enverra entre la fin de l’année 1948 et l’année de son décès, la dernière lettre datant du 17 septembre 1963.
Cocteau reconnaît en Mary Hoeck un double qui produit, selon lui, des traductions incomparables, à la hauteur des poèmes originaux. Et pourtant Cocteau ne lit pas – ou si peu – l’anglais. Il hume les textes que Mary lui envoie, plus qu’il ne les déchiffre. Ou bien c’est « avec des doigts d’aveugle » qu’il avoue le faire, comme « lorsque ces doigts, caressant le visage de l’être cher, pouvaient atteindre l’âme même[2] ». Les protestations d’amitié sont innombrables. Cocteau convoque son amie par la pensée à tous moments, par exemple lorsqu’il se promène dans son jardin de Milly qui fait écho au jardin botanique d’Édimbourg à proximité duquel Mary réside, ou encore au moment du tournage des films Orphée et Les Enfants Terribles à la fin de l’année 1949 et au début de 1950. Cocteau semble fasciné par cette femme dont il ne fera véritablement la connaissance que bien après le début de ces échanges épistolaires, précisément au cours de la deuxième quinzaine d’avril 1950, après lui avoir écrit une bonne quarantaine de fois déjà. D’ailleurs, il lui confie qu’il tient secrète cette correspondance si abondante dès ses débuts. Même à Édouard Dermit ou à Francine Weisweiller, il ne parle pas de Mary, tout au moins jusqu’à la première rencontre de la traductrice avec le petit clan, précisément au cours de ce mois d’avril 1950.
Une correspondance ambiguë
De son côté, Mary Hoeck va dans un premier temps se méprendre et développer un sentiment quasiment amoureux à l’égard du poète. En témoignent les très nombreuses lettres, longues et très intimes, qu’elle lui envoie. Mary s’y livre beaucoup plus que ne le fait Jean de son côté. Elle lui décrit par le menu sa vie quotidienne dans une maison qu’elle a acquise à Édimbourg avec son amie de cœur, Laelia, rencontrée à la fin des années 1930, et que toutes deux partagent avec quatre autres femmes en une sorte de béguinage. Elle fait allusion à de nombreuses reprises au seul homme avec qui elle a eu des relations intimes et que les deux correspondants surnomment « Merlin ». Ce surnom fait vraisemblablement référence au magicien maléfique et sournois des Chevaliers de la Table Ronde que Mary a entrepris de traduire. Elle évoque également ses passions pour l’occultisme et la philosophie indienne : elle croit fermement à la réincarnation des êtres et éprouve une admiration sans bornes pour Jiddu Krishnamurti, un philosophe indien prônant la liberté de l’être humain par l’émancipation vis-à-vis des religions et des gourous. Cette correspondance avec Cocteau nous apprend donc beaucoup sur cette femme dont l’existence finalement simple et sans histoire s’illumine dans la deuxième partie de sa vie à l’âge de 54 ans, grâce à cette amitié épistolaire avec celui qu’elle aime et qu’elle vénère. Pour comprendre un peu mieux à la fois la tonalité de ces lettres, notamment leur caractère quasi-amoureux ou en tout cas éperdu d’admiration, ainsi que leur forme souvent émaillée de fautes, nous proposons la transcription d’extraits de l’une d’elles qu’elle adresse à Cocteau de son domicile – 4 Inverheith Terrace / Edinburgh, 4 – le dimanche 9 octobre 1949 :
Mon très cher ami,
J’ai relu votre lettre il y a quelques minutes et puis j’ai tardé de voir ce que je pouvais sentir à travers la lettre. Jusqu’ici j’ai été si fort occupée de mes propres sentiments que souvent je ne vous ai pas vu en dehors de moi-même. Je commence maintenant à me promener dans votre jardin – dans notre jardin – de façon plus objective en « voyant » plus qu’en rêvant.
Je crois que mes lettres de Nice ont peut-être détruit, ont abîmé le rêve. On ne peut continuer rien, autrement le beau devient le fade. Et pourtant depuis cette lettre que je viens de recevoir, vous m’habitez plus que jamais, vous vous réincarnez dans mes nerfs et dans mon sang.
Ce n’est pas du « rêve », j’en suis sûre, c’est aussi vrai que peut l’être un fait sur cette terre peu vraie. Savez-vous ce que je préfère de tout ce que vous avez fait ? C’est votre dessin du « Menteur ». Je voudrais même vous appeler « cher menteur » moi qui aime la vérité par-dessus toute chose. Mais c’est parce que j’aime la vérité et que je l’ai cherchée, que je sais qu’on ne la trouve jamais – et que surtout elle n’est jamais dite – ce n’est qu’un mensonge qui peut la couvrir, la dévoiler. Et pourtant vos films pourront dire cette vérité en l’évoquant aux cœurs muets des spectateurs, mais alors le film ne reste jamais tranquille, les images changent toujours. […]
Il y a quinze jours à cette heure j’étais à Paris, la mort dans le cœur. Jamais je ne reviendrai en France sans vous avoir vu. Un petit démon me disait tout le temps : « Si vous étiez plus jeune, il viendrait vous voir. » Je lui disais qu’il était méchant et qu’il mentait – il donnait sa voix aux roues de la voiture. Il me disait que les beaux jours, où je sommeillais à moitié endormie entourée de votre tendresse, n’étaient que des inventions de mon imagination. Et pourtant si ces choses-là n’étaient pas vraies, pourquoi serions-nous sur la terre ?
Le dernier vendredi que j’ai passé en France, j’ai vu Picasso. J’avais déjà été à Antibes et la salle où on expose « La symphonie pastorale » m’avait émue profondément. Je me suis rendue à Vallauris à l’exposition de poteries et encore, je n’avais pas l’intention d’aller chez Picasso puisqu’il ne m’avait pas répondu. Mais en voyant les autres personnes qui se rendaient chez lui, je me suis décidée qu’il fallait que j’aille le voir. Qu’il est charmant, je ne m’y attendais pas du tout ! Quelle vie, quels yeux ! Si vous voulez savoir comment je serai morte et sans chair, Picasso pourra vous le dire ! Il m’a regardée à travers la chair jusqu’à la moelle des os ! Je n’ai jamais senti un tel regard. Je comprends bien que même vous vous l’ayez pris comme maître. […]
Je ne vous demande rien – ou plutôt je vous demande ce qu’une déesse pourrait demander à un dieu – de tirer un monde du chaos ! Et encore, je ne vous demande pas des phrases – je vous demande à vous Jean Cocteau, la simplicité parfaite – de me permettre de regarder un instant votre âme à travers vos yeux. Mon âme vous sera absolument claire, comme toutes les voiles qui l’ont toujours recouverte. Parce que je suis à vous.
H
Comme il s’avère, les lettres des deux correspondants ont des tonalités très contrastées. Pour cette femme, l’échange qu’elle entretient avec le poète relève du rêve. « Quelle merveilleuse confiance vous avez eue en moi, sans me connaître, sans m’avoir vue, sans rien vraiment », lui écrit-elle, tout en ajoutant : « Et quant à moi, il me semble que vous m’avez guérie de tous les maux dont on peut souffrir dans ce siècle[3]. » Elle se désespère de ne pas pouvoir rencontrer son cher poète et se plaint à de nombreuses reprises du peu d’empressement qu’il montre à l’inviter. « Il est probable que je ne viendrai jamais à Milly[4] », tout en lui avouant craindre cette rencontre : « J’ai peur de vous voir[5]. » Elle ne cesse de proposer à Cocteau des occasions de se rendre en Écosse, occasions que lui-même rejette ou bien auxquelles il ne fait aucune allusion dans ses réponses, tout en réaffirmant à chaque reprise sa profonde amitié. En dépit du fait qu’il écrive à Mary qu’il l’aime[6] – ce qu’elle prendra au pied de la lettre –, il est en effet beaucoup moins prolixe qu’elle ne peut l’être dans ses lettres. Si les termes qu’il emploie sont toujours très affectueux, il ne perçoit pas combien ces propos peuvent être idéalisés, amplifiés et, au total, déformés par sa correspondante.
Un tournant dans la correspondance
Mary ne réalisera qu’après février 1950 que cette relation ne peut que rester platonique. Le 26 février, elle envoie à Cocteau une lettre de six pages en trois feuillets qui va constituer un tournant dans les échanges épistolaires, puisqu’elle s’excuse de la teneur de ses précédentes missives. Mais plus encore elle y rapporte ce qu’elle estime encore être un ragot mais qui va assez rapidement lui dessiller les yeux – et le cœur. Elle écrit en effet avoir rencontré une jeune parisienne, qui est la fille de Louis Dimier et la sœur d’Henri Dimier, un peintre suisse que le poète a beaucoup fréquenté à partir du milieu des années 1930. Cette femme lui a fait comprendre que Cocteau était homosexuel, ainsi que Jean Marais par la même occasion. Il s’agit pour elle d’une véritable déflagration :
Mais non ! […] Je me disais : « Il faut sourire et il ne faut surtout pas tomber ». Je ne le crois pas, oh non ! « Mon Dieu pourquoi les murs ne veulent pas rester debout ? » Je sais que ce n’est pas vrai, surtout l’histoire de Josette Day et Jean Marais. Je voyais tout le temps devant moi votre chère écriture. Les lettres les plus exquises qui aient jamais été écrites. « Jean Marais est comme mon fils. » « Mon ancien secrétaire a enlevé les meubles », etc. Je ne vous demande pas la plus petite question – mais je vous demande de me permettre de dire : « Je sais que ce n’est pas vrai. » Il y a une chose dont j’étais certaine pendant ces minutes où les murs chancelaient – même si cela avait été vrai, ma tendresse était intacte, il n’y avait pas un mot de mes lettres à reprendre[7].
Comprenant alors la non-réciprocité de ses sentiments, elle modifiera la tonalité de ses lettres, sans que son admiration baisse en intensité. Si la correspondance est donc très nourrie au cours des trois premières années (1949, 1950 et sans doute 1951[8]), elle diminuera en fréquence par la suite. Nous pouvons donc affirmer avec Mary que l’échange épistolaire avec Cocteau a totalement bouleversé sa vie : « Être votre traductrice c’est prendre votre âme dans mon âme et remettre la mienne dans la vôtre[9]. » Pour Cocteau en revanche, l’engagement est visiblement moindre, bien évidemment.
On note donc à partir de la fin de l’année 1951 une certaine lassitude de part et d’autre, des propos trop banals ou purement utilitaires, un refus inexprimé de l’intimité de la part de Cocteau qui s’est rendu compte de la méprise dans laquelle il avait plongé sa correspondante en lui écrivant qu’il l’aimait. Il donne ensuite à plusieurs reprises des prétextes qui ont dû peiner sa correspondante :
J’étais un peu distrait de ces ciels étonnants par la crainte de vous avoir trop montré mon caractère qui redoute les ondes lourdes et tente même par la force, de les rendre légères – quitte à ne pas aborder certains problèmes – alors l’amitié ressemble à un matin de Mars sur les montagnes.
Or ces propos adressés de Santo Sospir à la fin du mois de juin 1951 au retour d’un voyage en Italie et d’une croisière en Méditerranée sur le bateau récemment acquis par Francine Weisweiller coïncident avec le moment où le rythme de cette correspondance s’est effondré au moment même où Mary envisageait une visite sur la Côte d’Azur. Elle vit très mal ces périodes au cours desquelles Cocteau ne lui écrit plus, ou que très rarement. De fait, les lettres se feront de moins en moins nombreuses et surtout les propos de plus en plus, soit techniques, tournant essentiellement autour de la question de la qualité des traductions et des possibilités de publication, soit insignifiants et répétitifs, Cocteau ne cessant d’évoquer « les ondes du cœur » qui voyagent et qui sont censées se substituer à de bonnes lettres nourries et sincères. Sauf lorsqu’un évènement particulier survient dans leur vie et qu’ils tiennent à le partager ou qu’un sérieux problème de traduction émerge. C’est d’ailleurs le cas à la fin de l’année 1952, puisque Mary a assuré la traduction de la pièce Bacchus qui doit être diffusée par la BBC, alors que la station lui préfèrerait sa traductrice attitrée. Ce ne sera d’ailleurs pas la seule occasion où Mary devra se rendre à l’évidence : le travail de traduction qu’elle opère n’aboutit pas.
Ainsi, depuis le début de leur relation, Mary ne cesse d’envoyer des propositions de traduction des poèmes à Cocteau avec le ferme espoir de les voir publiées. Ce n’est que deux ans après le début de cette correspondance, en novembre 1950 que Cocteau la met en relation avec T.S. Eliot pour faire évaluer ce travail. Il a alors toute confiance en son confrère anglais avec lequel il a été en relation au milieu des années 1920. Il méconnaît toutefois le peu de sympathie qu’il inspire à Eliot qui ne lui a jamais pardonné son attitude à l’égard des Maritain[10]. Certes, celui qui a obtenu le prix Nobel de littérature deux ans plus tôt va recevoir une Mary tremblante d’admiration avec beaucoup d’amabilité. Eliot lui fait miroiter une publication simultanée de ces poèmes en Angleterre et aux États-Unis pour rentabiliser l’affaire, mais rien ne se fera et aucune traduction des poésies de Cocteau par Mary n’a jamais été publiée (si ce n’est un poème dans la revue belge Empreintes de janvier 1950).
Pire encore est la déconvenue que Mary devra subir à propos de sa traduction des Chevaliers de la Table ronde. Dès le printemps 1949, elle profite de l’envoi de ses lettres pour faire parvenir son travail à Cocteau, scène par scène. À aucun moment jusqu’au 18 décembre 1949, celui-ci n’évoque cette traduction dans ses réponses. Or, entretemps, il est contacté par son agent à Londres, Jan van Loewen, à qu’il donne son accord pour un autre projet de traduction en lui suggérant de s’adresser à Eliot afin de trouver le traducteur adéquat. Eliot proposera le nom de l’écrivain Wystan Auden. Ce n’est que le 29 octobre 1950, alors qu’il a reçu l’ensemble de la traduction de Mary depuis le 26 mai précédent, qu’il va l’informer de la situation en lui faisant miroiter en contrepartie de ce qu’il pressent être une lourde déception infligée à son amie, d’autres publications, notamment de ses poèmes[11]. Mary accusera le coup mais, fair play, comme d’habitude, s’inclinera. « : « Je ne prétends pas que je dis au revoir à une traduction des Chevaliers avec joie mais c’est Auden qui la traduit et ce sera vraiment bien fait[12]. » Elle met alors tous ses espoirs dans le projet de publication de la traduction des poèmes. Quelque temps plus tard, elle revient sur ce qu’elle vient de subir : « Jean, savez-vous vraiment ce que ces traductions veulent dire pour moi ? Si Eliot les refuse ? Vos poèmes sont plus que moi-même pour vous[13]. »
Autre humiliation est l’épisode de l’écriture des sous-titres du film Orphée. C’est Cocteau lui-même qui suggère le 16 mars 1950 que Mary se charge de rédiger les sous-titres pour son film[14]. Il lui donne même des conseils pour parvenir à un travail parfait[15]. Bon soldat, elle écrit à Cocteau qu’elle se rendra à Londres au cours de la première quinzaine d’avril, afin de visionner le film et de rédiger le texte des sous-titres[16]. Elle s’adresse alors à M. Fraser, distributeur des films français, pour l’informer de sa venue dans la capitale anglaise et lui propose d’envoyer une copie du film au cinéma Cameo d’Édimbourg, ce qui facilitera le visionnage pendant l’écriture. Fraser lui répond qu’il se chargera lui-même des sous-titres mais que, pour répondre à la demande de l’auteur, il propose que Mary supervise son travail. Début avril, elle rencontre Fraser et en fait le compte rendu à Cocteau : « Tout s’est très bien passé. J’ai confiance en lui ». Quelques semaines plus tard, elle devra déchanter : Fraser est bien crédité pour la traduction et les sous-titres, mais elle-même n’est pas mentionnée au générique du film projeté dans les salles anglaises[17].
Mary doit donc aussi remettre en cause ce qui est à l’origine même de cette correspondance et, comme elle est très peu sûre d’elle-même, elle renonce presque à chaque fois. Les seuls livres de Cocteau ayant fait l’objet de publication en anglais avec une de ses traductions sont Maalesh en 1956 (Peter Owen éditeur) et Bacchus en 1964 (New Directions éditeur). Peu à peu, de traductrice et amoureuse, elle devient – bien qu’ayant dû avaler pas mal de couleuvres – une amie sincère et souhaiterait également se faire passer pour une sorte d’agent littéraire de Cocteau pour l’Angleterre. Elle va ainsi faciliter les relations avec Peter Owen qui a fondé sa maison d’édition en 1951 et qui va devenir l’un des tout premiers éditeurs de Cocteau en Grande Bretagne en faisant paraître une dizaine de titres entre 1956 et 1991[18].
Une correspondance présentant trois intérêts majeurs
Cette correspondance est pourtant unique, et ce pour trois raisons. Tout d’abord, elle nous éclaire sur la manière dont Cocteau considérait l’acte de traduire ses textes. Pour lui, seule l’âme d’un poème compte. Le traducteur doit donc accomplir cette étrange transsubstantiation qui consiste à passer par cette âme du poème pour trouver sa matérialisation par des mots et par l’ensemble de l’arsenal des figures rhétoriques d’une autre langue. Dans l’article qu’elle consacre à Cocteau, Mary Hoeck tente une théorisation de ce procédé, parlant de la « nécessité de passer les frontières du langage ». Elle va encore plus loin en affirmant qu’une idée exprimée dans un poème est si absolue
que les mots ne peuvent plus l’exprimer en prise directe. L’idée, alors, se revêt d’image. Ces images prennent la forme qu’elles veulent et sans doute étonnent-elles même leur auteur. […] L’idée demande l’image, l’image demande les mots, et ce mot demande qu’on le casse[19].
Mary précise dans sa correspondance ce que signifie le traduire :
Être votre traductrice c’est prendre votre âme dans mon âme et remettre la mienne dans la vôtre. C’est voir le monde et la beauté et l’au-delà par vos yeux de poète. C’est voir la vie au lieu de voir la mort comme la plupart des hommes la voient[20].
Il est tellement séduit par cette transsubstantiation qu’elle lui semble opérer – notamment lorsqu’elle traduit de nombreux poèmes issus du recueil Opéra en 1949 ou bien La Crucifixion et Léone l’année suivante –, qu’il ne cesse de l’encourager, la conforter. En outre, lorsqu’elle hésitait parfois, se demandant, notamment au cours des deux premières années de leurs échanges, s’il ne serait pas judicieux de soumettre ces traductions à d’autres amis parfaitement bilingues de Cocteau comme Edith Sitwell ou Stephen Spender, il lui répond en substance qu’elle peut leur demander leur avis mais qu’au final c’est elle qui porte la vérité. Cette certitude de Cocteau relève de l’amitié aveugle qui voit au-delà des apparences. D’ailleurs, à plusieurs reprises, il lui confie qu’autant que ses traductions, les lettres de Mary le ravissent.
Pour autant, il lui arrive de contester certains choix de Mary, lui demandant de fuir le « mou » et d’adopter le « dur » ou « l’aigu[21] ». C’est notamment le cas pour la traduction de Renaud et Armide, certainement une des traductions les plus délicates à mener, s’agissant d’une pièce en vers.
Les échanges entre Cocteau et Hoeck peuvent aussi porter sur les modalités pratiques et notamment éditoriales de publication des traductions. Cet aspect va prendre une tournure de plus en plus envahissante dans la correspondance à partir de 1952 lorsque Cocteau donne son feu vert à la constitution d’une société qui prend en charge la promotion et la diffusion de l’œuvre du poète, société qui est alors dirigée par Jean-Pierre Peyraud, agent littéraire et secrétaire de Cocteau. La qualité des traductions de Mary pourra alors être mise en cause par Peyraud, ce qui conduira Cocteau – qui déteste au plus haut point déplaire à ses amis – à devoir contester les choix de son agent, mais aussi à écrire des mots qui auraient pu réellement blesser sa traductrice. Or, toujours résiliente, admirative et sans doute éblouie de pouvoir entretenir une relation épistolaire et amicale aussi intense avec son cher poète, elle ne réagira jamais négativement. En témoigne la correspondance en décembre 1952 autour de la traduction qu’il faut choisir pour la radiodiffusion sur le Third Program de la B.B.C. de la pièce Bacchus. Mary a produit la sienne depuis quelque temps et la société que dirige Peyraud est plutôt encline à choisir celle de Lothian Small, déjà traducteur des pièces de Jean Anouilh. Elle en est déconcertée et le fait savoir. Cocteau doit alors s’impliquer pour dénouer le pataquès, ce qu’il répugne, et le lui fait savoir avec moult détails. Finalement ce sera bien la version de Mary qui sera radiodiffusée quelques semaines plus tard.
Pourtant la Société qui assure les intérêts éditoriaux de Cocteau aura toujours un mot à dire. Elle fera par exemple en sorte qu’il ne consente pas à opter pour la version de Mary pour la nouvelle traduction des Enfants terribles. C’est celle, jugée supérieure, de Rosamond Lehmann qui sera choisie et publiée en 1955 sous le titre Children of the Game par l’éditeur Harvil Press. Nulle part Cocteau n’avouera que les traductions de Mary Hoeck sont discutables. Pourtant, plus les années passent, plus les déconvenues s’accumulent.
Cette correspondance a pour deuxième intérêt de révéler ce qui pousse Cocteau dans cette étrange amitié, à savoir le rôle de confident qu’il confère à Mary, tout au moins au cours des trois premières années de leurs échanges. Il lui parle de lui, de ses fatigues, de ses agacements, de sa santé, de ses arbres et de ses animaux, les deux épistoliers partageant leur passion pour les jardins et Mary se mettant à aimer les chats qui lui étaient auparavant indifférents. Nous sommes mieux instruits aussi sur l’intérêt que le poète portait aux nombreux animaux qui partageaient sa vie et celle d’Édouard Dermit à Milly-la-Forêt. Les deux épistoliers ont également en commun un intérêt pour les soucoupes volantes et il leur arrive de commenter l’actualité, comme la guerre de Corée par exemple. Par ailleurs, Cocteau n’hésite pas à se plaindre comme à l’accoutumée, trouvant en elle une oreille attentive à ses différents maux et ses soucis du quotidien. Il donne des détails sur sa vie, son travail. À un moment où il n’a pas encore entamé son journal Le Passé défini, la correspondance avec Mary Hoeck peut tenir lieu de chronique de sa vie faisant part non seulement de ses humeurs et de sa santé mais aussi de ses goûts. Invité au festival de Cannesen avril 1951, il a ainsi adoré le film de Vittorio de Sica, Miracle à Milan, mais a détesté celui de Marcel Carné, Juliette ou la clé des Songes.
Ces détails semblent parfois futiles à Mary. Il s’en explique dans une lettre du 8 janvier 1951 :
Vous savez combien je déteste le sublime et les choses crues importantes. C’est en parlant des chats que toute âme s’exprime et dans les moindres gestes de la vie quotidienne. Dans le fait que je n’ai jamais eu de « correspondance » suivie avec personne au monde et que vous êtes la première avec laquelle cela m’arrive[22].
Or cette réflexion vient en réponse à une très longue lettre par laquelle Mary dit son amour, son désarroi, donne des détails très intimes sur sa vie. Il arrivera par conséquent à Mary de douter du bien-fondé de la poursuite de cette correspondance qui lui semble parfois assez vaine.
Ce corpus de lettres est toutefois précieux pour la connaissance de Cocteau et de son rapport à son travail. Il y détaille ainsi la progression dans les préparatifs et dans la réalisation des films Orphée dès juillet 1949 et Les Enfants Terribles dès novembre 1949. S’agissant de ce dernier film, Cocteau ne fait mention qu’une seule fois de Jean-Pierre Melville et, si on ne devait retenir que cette correspondance comme témoignage du travail de Cocteau sur l’adaptation cinématographique de son roman, on pourrait jurer que notre poète en est le seul réalisateur. Puis il enchaîne les activités les plus diverses, comme la préparation du ballet Phèdre à partir d’avril 1950, la rédaction de son essai sur Jean Marais dans le courant du mois de mai et la finalisation de l’édition du ciné-roman Orphée en septembre. Il dicte ensuite un livre d’entretiens à André Fraigneau dès le 5 janvier 1951 et simultanément se met à penser à sa nouvelle pièce Bacchus. Il fait part aussi de sa nouvelle passion pour la peinture à l’huile à partir du 13 janvier 1951 et tient la chronique des progressions artistiques d’Édouard Dermit, de Francine Weisweiller et de lui-même pendant tout le séjour à Saint-Jean Cap-Ferrat de janvier à septembre cette année-là. À partir du moment où Cocteau tient son journal, dès le 16 juillet 1951, les lettres se font toutefois plus rares et surtout bien moins instructives, comme si désormais la tenue de ce journal avait asséché par ailleurs sa frénésie de partager l’intime et le quotidien.
Le troisième intérêt de cette correspondance réside dans le fait qu’elle s’adresse à une femme. Cocteau a toujours eu besoin de relations de très grande proximité avec des femmes, et notamment des femmes de lettres. Ce fut le cas avec Anna de Noailles, avec Mary Butts, avec Louise de Vilmorin ou avec Colette. Mary Hoeck fait partie de cette catégorie, même si elle n’est pas à proprement parler une écrivaine. Mais elle détient une supériorité sur toutes les autres femmes : elle entretient une proximité avec l’œuvre même de Cocteau. Elle fait partie du monde invisible du poète, celui que la plupart des observateurs ignorent, ne lui (re)connaissant que la partie visible, faite du succès, du scandale et de la mondanité. En entrant dans la vie de Cocteau en lui offrant des traductions de ses poèmes, elle touche au cœur de ce qui compte pour lui.
On s’interrogera toutefois sur le caractère ambigu du sentiment que Cocteau éprouve pour Mary Hoeck. Il ne peut ignorer, compte tenu de la teneur des lettres de sa correspondante, que celle-ci est profondément amoureuse de lui. Il a constitué pour elle la rencontre de sa vie. Et pourtant, il continue au cours des trois premières années de cette correspondance d’employer des termes et des expressions qui laissent à penser que ces sentiments sont réciproques, ne conférant certainement pas aux mots qu’il emploie le même sens que ce que comprend Mary. Sans doute Cocteau a du mal à appréhender l’âme des femmes qui sont amoureuses de lui. On connaît les affres dans lesquelles il a pu tomber au moment de ses relations avec Marie-Laure de Noailles ou Natalie Paley. Mais Mary n’a pas les mêmes ressources que ces aristocrates. Les lettres dans lesquelles elle laisse entendre qu’elle souffre sont très nombreuses. L’absence de clarté de Cocteau dans ses réponses, la plupart du temps par omission de toute réaction à ses protestations d’amour, peut laisser entrevoir une certaine désinvolture ou tout au moins une incompréhension de la part de notre poète.
Note sur le texte
Cette version des lettres de Cocteau est issue d’une transcription que Mary Hoeck a réalisée à partir des années 1950, avec pour objectif de les traduire et de les publier. Cette transcription se présente sous la forme d’un dactylogramme de 166 pages – correspondant à 164 lettres –, dont les 101 premières sont paginées, ce qui laisse supposer que les lettres plus tardives n’étaient visiblement pas destinées à être traduites en anglais et publiées. Nous savons toutefois que le nombre de lettres de Cocteau conservées par Mary Hoeck était plus important, un ensemble de 205 lettres ayant été dispersé en juillet 1974, deux ans après sa mort. Sans la transcription retrouvée chez un libraire d’Oxford, il aurait été impossible d’en assurer la publication. Cette transcription n’est par conséquent pas complète : il manque toutes les lettres de Cocteau du deuxième semestre 1951 et sans doute beaucoup de lettres de l’année 1953. La raison de ces lacunes demeure inconnue.
Le dactylogramme présente d’assez nombreuses corrections manuscrites, ce qui atteste que la transcription a dû être réalisée par une dactylographe et que Mary a assuré une relecture à partir des originaux. Évidemment, ce dactylogramme ne reprend pas les signes habituels de la correspondance de Cocteau, comme les ajouts entourés d’une bulle, les fins de texte qui cernent la partie principale, l’étoile qui accompagne la signature et dont on peut supposer qu’elle y figurait toujours. Il en est de même de la présence d’un dessin accompagnant une lettre ou figurant sur la lettre elle-même, qui est occasionnellement mentionnée dans la transcription. Quant aux dates des lettres, nous savons que Cocteau avait l’habitude de ne pas les préciser. Nous avons remarqué toutefois que Mary a rigoureusement respecté leur ordre chronologique. En cas d’absence, nous avons rétabli entre crochets la date à notre avis la plus probable. Il nous est alors apparu que Cocteau traitait la plupart du temps son courrier en fin de semaine, le plus souvent le dimanche lorsqu’il résidait à Milly-la-Forêt.
Cette transcription a pu être complétée par l’examen de quatorze lettres autographes qui ont été publiées dans les catalogues de maisons de vente ou de libraires ces dix dernières années. Ces missives remises sur le marché font alors l’objet d’un cliché qui nous a permis de rétablir la mise en page et la typographie d’origine, voire, dans de très rares cas, de rectifier un mot qui avait été mal transcrit. Ces lettres vérifiées à partir de la copie originale sont précédées d’un astérisque dans l’en-tête.
Une partie de ces lettres ont été traduites en anglais par Mary Hoeck elle-même. Dans sa biographie de Cocteau (Peter Nevill éditeur, 1955), Margaret Crosland en a utilisé des extraits afin de retracer en quelque sorte le « journal » des films Orphée et Les Enfants Terribles que Cocteau réalisait et supervisait à l’époque. Ces traductions présentent toutefois certaines libertés que Mary prend avec le texte original de Cocteau.
La Bibliothèque Historique de la Ville de Paris conserve de nombreuses lettres de Mary Hoeck à Cocteau. La perspective de publier une correspondance croisée a dû être abandonnée pour plusieurs raisons :
– La correspondance de Mary à Jean s’arrête brutalement en mars 1951 et seules subsistent de rares lettres des mois et des années qui suivent jusqu’au décès du poète. Nous ignorons si les lettres postérieures à mars 1951 ont été conservées et, si elles l’ont été, leur localisation.
– Les lettres de Mary entre décembre 1948 et mars 1951 sont beaucoup plus nombreuses et surtout beaucoup plus longues que celles de son interlocuteur. Le déséquilibre aurait été criant et les lettres de Cocteau un peu « noyées » au milieu des très longues missives de sa correspondante.
– Les lettres de Mary, toutes savoureuses que certaines puissent être, sont souvent écrites dans un français surprenant, pour ne pas dire approximatif. Reprendre systématiquement syntaxe et orthographe risquait de dénaturer profondément le texte et parfois commettre des contresens. De plus, elles nous apprennent beaucoup sur elle, mais sont d’un intérêt relatif pour la connaissance de Cocteau. C’est la raison pour laquelle nous avons donné en notes de bas de page des extraits de ces lettres, dès lors qu’ils nous paraissaient apporter des informations utiles à la compréhension des relations entre les deux correspondants.
[1] Cette première lettre qui date donc de fin novembre ou du tout début décembre 1948 est hélas absente de la correspondance adressée par Mary Hoeck à Cocteau et conservée à la Bibliothèque historique de la ville de Paris (fonds Jean Cocteau, cote MS-FS-05-5374).
[2] Lettre 2 de décembre 1948.
[3] Lettre du 10 juillet 1949.
[4] Lettre du 9 octobre 1949.
[5] Lettre du 20 mai 1949.
[6] Lettre du 30 mai 1949.
[7] Lettre du 26 février 1950.
[8] Des lacunes importantes dans la transcription de l’année 1951 nous empêchent de mieux cerner ce qui va éloigner progressivement les deux correspondants.
[9] Lettre du 12 janvier 1950.
[10] Pour les mésententes de Cocteau avec Eliot, voir Olivier Rauch, Jean Cocteau, Du côté de l’Angleterre et des Anglais, Paris, L’Harmattan, 2024, p. 74-86.
[11] Lettre 63 du 29 octobre 1950.
[12] Lettre du 1er novembre 1950.
[13] Lettre du 17 novembre 1950.
[14] Lettre 37 du 16 mars 1950.
[15] Lettre 38 du 27 mars 1950.
[16] Lettre du 21 mars 1950
[17] Lettre du 27 mai 1950.
[18] Peter Owen (1927-2016) a fondé sa propre maison d’édition en 1951. Il devient alors un des principaux éditeurs des œuvres de Cocteau, commençant la série par Maalesh, traduit par Mary Hoeck (1956). Suivront Thomas l’imposteur (The Impostor), traduit par Dorothy Williams (1957), Opium, traduit par Margaret Crosland et Sinclair Road (1957), Le Grand Écart (The Miscreant) traduit par Dorothy Williams (1958), Le Tour du monde en 80 jours (My Journey around the World) en 1958 également, La Difficulté d’être (The Difficulty of Being) traduit par Elizabeth Sprigge en 1966, une anthologie de souvenirs : My contemporaries (Souvenirs d’Apollinaire, Radiguet, Proust, Modigliani, Picasso, Chaplin, Piaf, de Chirico, Colette…, tirés de plusieurs de ses livres), dans une traduction de Margaret Crosland (1967), Le Livre blanc (première édition en Angleterre, traduite par Margaret Crosland, 1969) et beaucoup plus tard un album de dessins érotiques (avec une introduction de Margaret Crosland, 1991).
[19] Mary de Hoeck [sic], « En traduisant Cocteau », Empreintes, numéro spécial consacré à Jean Cocteau,Bruxelles, mai 1950, p. 140-145.
[20] Lettre du 12 janvier 1950.
[21] Lettre 29 de janvier 1950.
[22] Lettre 27 du 8 janvier 1950.